Grammaire – Logique – Rhétorique

Grammaire – Logique – Rhétorique

Anthony Seldon, Vice Chancellor à l’Université de Buckingham, écrivait dans "The Times" :

« L’éducation au temps du Moyen-Age était basée sur le trivium. Les élèves apprenaient les faits (grammaire), la faculté d’argumenter (logique) et comment communiquer (rhétorique). Ce que nous avons maintenant est mal équilibré et sans pertinence. Nous avons également oublié ce que signifiait le mot « éducation ».  (1)

La grammaire : base de la connaissance et des compétences

La grammaire était conçue comme l'étude systématique des éléments constitutifs d'une langue : règles d'accord des mots, orthographe, vocabulaire, syntaxe...
On y apprenait "par cœur", en répétant sans cesse. La grammaire était le capital permettant d’accéder à l’étape suivante.

La logique (ou la dialectique)

L’élève accédait alors à l’apprentissage de la logique (dialectique) où l’on apprenait à questionner les idées,  à se poser la question de savoir si on pouvait affirmer une proposition ou pas, à envisager d’autres points de vue, et à les rassembler. Il y avait l'obligation de faire un contre-argumentaire afin de mettre en doute ses propres convictions.
C’était une opportunité également pour les élèves de débattre, de questionner et d’argumenter. Par déduction logique des arguments assemblés, on évaluait alors les arguments. Tout cela, sans passion. Notons ici que l’on admettait comme postulat que son opinion ne pouvait être arrêtée qu'à la fin du processus.

La rhétorique

Venait ensuite l’apprentissage de la rhétorique qui permettait à l’élève de s’exprimer avec élégance et persuasion.  L’élève apprenait à arranger ses idées, affûtait son style, aiguisait sa mémoire, et apprenait à porter la voix. Et tout en parlant avec éloquence, il cherchait l’harmonie. Cependant si le style était important, il ne devait jamais être mis au service d’une cause que l’élève ne trouvait pas juste.

Le trivium, ou la maîtrise de la lettre

Au XIIe siècle, Abelard écrivait :

"La première clé de la sagesse, c'est l'interrogation assidue […] en effet qui doute est conduit à chercher ; qui cherche saisit la vérité." (2)

Une pensée exigeante ne peut se faire que grâce à la maîtrise de l'usage de la langue.

Accepteriez-vous de vivre dans une maison sachant que la voûte peut s’écrouler à tout moment car vous savez que les fondations ne sont pas solides ?
Évidemment que non !

Il est donc urgent d'apprendre la grammaire pour connaître le sens des mots et posséder le capital pour s’interroger, réfléchir et s'exprimer avec des mots choisis avec justesse.

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  1. Sir Anthony Seldon
    https://www.buckingham.ac.uk/directory/sir-anthony-seldon/
    “Education in medieval times was based on the “trivium”, with students learning facts (grammar), the ability to argue (logic), and how to communicate (rhetoric). What we have now is not only ill-balanced and irrelevant. We have also forgotten what the very word education means.”
    (The Times-mardi 16 février 2016)
  2. Abélard, Sic et non, cité par J.-L. Solère, « Scolastique », P1301.
    Pierre Abélard (1079-1142) : abbé, théologien, philosophe, dialecticien, père de la scolastique